AVANT
APRES
Et là, vous vous dites "wahouuu ! ce mec assure grave ! Il doit au moins être par -30m sur un village palafitte dans un lac".
Bien pensé. Vous auriez pu avoir raison.
Laissez-moi conter ce merveilleux instant de grâce sur cette belle côte languedocienne que le (Général) progrès a su avec tact transformer en lieu de villégiature, prisé par tant de (moustiques) touristes.
Tout commence par une plongée prévue sur l'épave de l'Athéna, petit cargo espagnol coulé dans les années '30 devant Gruissan.
-9m au plus bas, y'a pas de quoi saturer mémé.
Je loue une stab au centre de plongée. Le reste du matos, je l'ai emporté avec moi y compris une semi-humide dans laquelle je rentre avec peine. Je passe les détails sur l'habillage digne d'un pied-lourd aidé de trois ou quatre assistants.
bateau ultra-rapide, équipe sympathique, tout va pour le mieux.
Arrivé sur site, il y a un peu de jus. Lent comme un Helvète, je rejoins aussi vite que possible à la proue un binôme choisi d'office qui mijote depuis une bonne dizaine de minutes.
Garçon sympathique au demeurant mais que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Les seules infos furent "niv.III, connait l'épave comme sa poche, descendre lentement, oreilles".
Ca me va.
Equipé d'un 12l à 200b, d'une barbe de 2 semaines à faire peur aux jeunes filles et d'un caisson photo qui me fait passer pour Luc BESSON en villégiature, je suis prêt à en découdre.
Ha, oui ! Je porte bien sûr fièrement ma nouvelle acquisition: une Seiko MM300. Un petit côté "rétro sophistiqué" que j'apprécie à sa valeur.
La descente dans le Grand Bleu commence.
4 mètres plus tard, le Grand Vert commence. La visi est digne des meilleures pires moments du Léman.
En même temps je connais le coin pour l'avoir plongé des centaines de fois quand j'étais jeune (encadrant). Aucune surprise. Bienvenu dans le Golf du Lion.
Par contre mon binôme s'est évaporé.
J'attends quelques dizaines de secondes.
J'attends de le voir apparaître soudainement comme un congre sortant de son trou.
Personne.
Je me dis que c'est un peu gros de perdre par -9m un Niv.III qui connait le site aussi bien (précisons aux lecteurs incrédules que ledit cargo est tout petit et posé sur un fond de sable; le sommet de l'épave doit être à -5m).
Connaissant les règles françaises, si je ne réapparais pas dans les secondes qui suivent, je vais me faire gronder.
Tant pis. Je vais me la jouer "Roussay's big salopard" pendant deux minutes, le temps de faire...3 photos
Puis c'est la remontée.
En surface, je...
1. me fais gronder
2. retrouve mon binôme une main sur la chaîne d'ancre
Il me bredouille qu'il m'a perdu. Hmmm....pas net. Je n'en crois rien. On perd bien qui on veut perdre.
On redescend mais cette fois je le laisse partir devant.
Petite vérification. J'ai du royalement mettre la tête sous l'eau au moins pendant 10 minutes et déjà consommé 50b. J'estime avoir passé moins de 4 minutes sur l'Athéna.
On descend, descend, descend...après cette folle descente, quand enfin le sable apparaît, mon pote de circonstance lâche la chaîne et se barre sans dire ni merde ni merci.
Il aurait au moins pu me faire un doigt d'honneur pour bien me faire prendre conscience que son but véritable était de me pourrir la plongée. Mais non. Rien. Nada.
Je le regarde incrédule.
Je remarque qu'il bidouille sa stab comme si sa vie en dépendait.
Je n'y comprends rien. Même ma grand-mère avec 105 ans au compteur aurait pu descendre sur cette foutue épave !
Bon...
Zen, zen, zen (à prononcer avec une mélodie enfantine en arrière-plan)
Je remonte pour la 2ème fois, lui explique qu'on ne lâche pas une ligne qui présente de beaux avantages comme guider et économiser de l'énergie.
"Ok, ok, ok mais tu sais moi je n'utilise jamais la ligne".
Zen, zen, zen (à prononcer façon Dark VADOR avant de braquer son gant sur le cou d'un peu efficace subalterne)
On redescend à nouveau, cette fois à la vitesse d'un Helvète qui va voter pour la 3ème fois un dimanche matin dans le même mois.
A -5m j'en ai eu marre.
Je lui ai fait signe que c'était fin de plongée pour moi.
Grand yeux étonné de sa part. Il cherche à me faire comprendre que lui est ok et qu'on peut continuer.
Basta. J'en ai ras le cul (ce dernier point est difficile à décrire sous l'eau).
En surface, je lui ai expliqué calmement que je n'étais pas là pour l'encadrer. Pendant ce temps, une goutte de sang perlait à son nez.
facteurs de stress: 1ère plongée de la saison + trop lesté + oreilles tatillonnes
Conclusion: un diplôme vaut que dalle, même à faible profondeur
Point positif: ma MM300 a bien résisté à la profondeur